Trompez-moi une fois, honte sur vous ; trompez-moi deux fois, honte sur moi.  Samantha serra les mâchoires sous le sentiment d’être humiliée.

Ma Xiaoru eut un sourire après avoir remarqué le visage tendu de Samantha. « Tu es celle qui établit les règles à Ayrlarng. Ce n’est qu’une question de temps avant de l’avoir dans ta poche. »

« C’est vrai ça. » Samantha desserra légèrement la mâchoire et siffla : « Nous devons lui rappeler avec qui il joue. Il est temps de lui donner le coup de semonce. »

« Quelle astuce vas-tu retirer de ton sac cette fois ? »

« Rapproche-toi. » Une faible lumière brillait dans les yeux de Samantha alors qu’elle chuchotait à l’oreille de Ma Xiaoru.

Ma Xiaoru hésita : « Tu es sûre ? »

« Pourquoi pas ? C’est aussi une occasion rare de voir qui il est vraiment. D’une pierre deux coups ! »  Continua Samantha. En tant qu’experte en psychologie, elle avait compris que les barrages routiers dans une histoire d’amour allaient inévitablement enflammer le désir et tourmenter l’âme de la personne éprise, mais cela les pousserait également à travailler plus dur. Il était nécessaire pour un adolescent insolent comme Wang Tong d’acquérir un certain degré de respect et d’appréciation pour l’amour qui était autrement trop facile à obtenir.

Ce fut un week-end relaxant et joyeux pour Wang Tong. Bien reposé, il se dirigea vers sa classe lundi matin. Comme tous les jours, les fans de Ma Xiaoru et Hu Yangxuan attendaient déjà à l’extérieur de la salle. Ils laissèrent échapper une vague de cris dans des accès d’excitation incontrôlable après avoir vu leurs idoles adorées.

Wang Tong poussa un soupir à la vue de l’engouement insensé. Si ces étudiants consacraient la moitié de leur zèle à leurs études au lieu de béguins d’adolescents inutiles, Ayrlarng aurait déjà restauré son ancienne gloire. Wang Tong estimait que le problème à Ayrlarng était avec les étudiants. En pensant à l’effort acharné et inébranlable de Samantha vers un objectif difficile, voire impossible, Wang Tong ressentit de la sympathie à son égard pour la première fois. Peut-être que je l’avais mal comprise.  Pensa Wang Tong.

Ma Xiaoru s’assit à côté de Wang Tong. Elle lui sourit largement et le regarda comme s’il s’agissait d’un vieil ami. Mais quelque chose derrière son sourire embêta Wang Tong, le rendant inquiet. Il se dit qu’il réfléchissait peut-être trop et se plongea dans ses études. Wang Tong avait compris qu’il devait étudier dur et progresser pour éviter de devenir de la chair à canon après l’obtention de son diplôme. Contrairement aux combattants METAL, les commandants de champ de bataille nécessitaient une grande quantité de connaissances, la capacité de prendre des décisions et, surtout, de contrôler leurs émotions. Absorbé par ses études, Wang Tong l’avait à peine réalisé à la fin du premier cours. Il étendit les bras et était prêt à faire une courte pause quand un camarade de classe s’approcha de lui et lui annonça que sa présence était à nouveau demandée dans le bureau de la directrice. Ses camarades de classe secouèrent la tête en regardant Wang Tong sortir de la classe. Ils se demandaient pourquoi ce Wang Tong apparemment humble exigeait l’attention de la directrice tant de fois.

Samantha raccrocha le téléphone avec Martyrus, directeur de l’Académie Bernabeu et était perturbée par la conversation, non pas à cause du comportement arrogant et condescendant de ce dernier, mais de la véritable intention derrière le message qu’il lui avait apporté.

Son message était clair : Bernabeu avait officiellement défié Ayrlarng à un tournoi de combat METAL. Mais il arrivait avec des enjeux trop élevés au goût de Samantha. Martyrus avait demandé le transfert de deux des meilleurs élèves de Samantha : Ma Xiaoru et Hu Yangxuan à Bernabeu en cas de victoire de Bernabeu. D’un autre côté, si Ayrlarng remportait le tournoi, Bernabeu renoncerait à sa prérogative de rivaliser avec les académies de classe S, un privilège qui était légitimement celui d’Ayrlarng avant que Martyrus ne le vole il y a des décennies dans un tournoi similaire mal intentionné. Pour aggraver les choses, Martyrus avait enveloppé son intention dans une excuse manifestement peu convaincante : « Pour encourager les étudiants, nous devons augmenter les enjeux.» Comme il l’avait dit.

Il m’a pris pour une adolescente verte et crédule !  Siffla Samantha intérieurement.

Bien que Samantha sût très bien que c’était un appât, la récompense était suffisamment tentante pour qu’elle envisage d’accepter le défi. Le jour où Ayrlarng avait perdu le privilège de se battre avec les académies de classe S il y a des décennies avait marqué le tournant à partir duquel l’école avait commencé à s’effondrer et avait finalement atteint un état si décadent qu’aucun des sponsors d’origine n’était disposé à poursuivre son financement. Au contraire, l’Académie de Bernabeu avait grandement bénéficié en partageant la même scène avec les académies de Classe S ; le développement avait également aidé leur nouveau directeur à l’époque, Martyrus, à établir son autorité et à accéder au pouvoir.

Samantha n’avait pas accepté le défi immédiatement et avait demandé plus de temps pour réfléchir à la question. Cependant, après y avoir longuement réfléchi, et dans un accès de rage vindicative, Samantha décida d’accepter le défi. Mais avant d’annoncer cela à Martyrus, elle avait besoin de parler à l’étudiant qui jouerait le rôle essentiel dans son plan de vengeance.

Samantha redressa ses lunettes et se sentit revigorée par le devoir du directeur de redresser ce qui avait été lésé depuis tant d’années. Si Ayrlarng remportait le tournoi, cela apporterait un regain de confiance indispensable à ses étudiants, et avec le droit de rivaliser avec les académies de classe S restauré, Ayrlarng pourrait éventuellement resurgir de son sommeil.

Martyrus avait décrit les conditions du match : cinq matchs gagnants étaient nécessaires pour la victoire finale, mais Hu Yangxuan et Ma Xiaoru n’avaient chacun été autorisés à assister qu’à un seul tour. Samantha estimait que la seule personne sur laquelle elle pouvait compter pour remporter trois autres victoires était Wang Tong, son arme secrète. Il semblait que sa rétribution personnelle pourrait devoir attendre la fin du tournoi.

Wang Tong se présenta à la porte et dérangea le train de pensées de Samantha.

« Principale, vous me cherchiez ? »

« Héhé, oui. S’il te plaît, prends un siège et sers-toi du thé. » Dit poliment Samantha.

« Merci, mais de quoi s’agit-il ? » Wang Tong alla directement au cœur du sujet. Il savait que la principale Samantha ne l’inviterait pas à son bureau juste pour prendre un thé.

« Certains de tes camarades de classe ont accusé l’école de t’accorder un traitement spécial, et je vois d’où cela vient. Je sais qu’il n’y a pas d’autres chambres disponibles, mais tu vois, la plupart des dortoirs sont partagés. Non seulement tu as une chambre entière pour toi, mais aussi elle est inconfortablement proche du dortoir numéro cinq des filles. »

Wang Tong semblait imperturbable par son ton interrogateur. Il n’avait pas choisi d’y habiter, c’était M. Simon qui lui avait offert cette chambre conformément à la promesse de l’école de répondre aux besoins de base de l’élève. Wang Tong voulait discuter avec Samantha comme il le faisait toujours, mais il sentit ses mots fondre dans sa bouche alors que les yeux séduisants de Samantha se fixaient sur les siens. « Que pensez-vous que je devrais faire ? » S’entendit Wang Tong lui demander humblement.

La réponse conforme de Wang Tong prit Samantha au dépourvu. Il veut me passer de la pommade parce que je suis l’amie de Ma Xiaoru. Elle gloussa intérieurement.

« Je comprends que tu rencontres de nombreuses difficultés dans ta vie, alors que dis-tu de ceci : tu peux rester où tu es, mais tu devras assumer la responsabilité en tant que gardien du bâtiment numéro cinq. Ce devrait être un travail facile pour quelqu’un capable comme toi. »

Elle fit une pause pendant une seconde, permettant à ses paroles de pénétrer, puis elle dit d’un ton stoïque : « J’espère que tu comprends que ce n’est pas une demande. »