« Désolé pour l’attente. Nous avons pris une pause de cinq minutes car le voyage a été long. Vous comprenez ce que je dis, n’est-ce pas, commandant Simon ? » dit Cillin.

Comme si j’allais comprendre ! pensa Simon, le visage crispé comme s’il était constipé.

Ce n’était pas seulement parce que l’Escadron 11 B s’était arrêté juste à côté de son vaisseau pendant 5 minutes sans être détecté, ni parce que le salut de Cillin lui donnait envie de retourner la table. Le problème était que la voix de Cillin provenait du système de communication du vaisseau, et il n’avait pas encore donné l’ordre d’établir le contact avec l’Escadron 11 B. Alors, comment Cillin avait-il réussi à se faire entendre ?

Il n’y avait qu’une seule explication : l’Escadron 11 B pouvait contrôler leur système de communication !

Simon ne savait pas quel autre équipement l’Escadron 11 B pouvait contrôler, mais il était absolument sur ses gardes à ce moment-là. Pire encore, plus il y pensait, plus il se sentait impuissant.

Il avait pensé montrer sa force à l’Escadron 11 B, mais maintenant, il se sentait comme un singe de cirque qui pensait faire une performance exceptionnelle alors que le public applaudissait.

Pourtant, il était membre de l’Escadron A, alors il se ressaisit—du moins en apparence—tandis que les techniciens étaient encore incrédules.

Bande d’inutiles ! les maudit-il intérieurement.

« Hum ! Nous sommes très heureux de faire votre connaissance, Escadron Onze. » dit Simon.

Après que sa voix eut tiré ses subordonnés de leur choc, ils se précipitèrent pour relier les deux vaisseaux spatiaux. Lorsque Simon vit la personne qui menait le groupe marchant vers son vaisseau, le calme qu’il venait de retrouver fut immédiatement brisé à nouveau.

Lorsque Cillin avait contacté Simon à la base, il avait pris l’apparence d’un jeune homme honnête aux cheveux bruns et à la forte carrure. Mais maintenant, il se présentait sous sa forme originelle.

Il dit : « Permettez-moi de me présenter correctement. Je suis le commandant de l’Escadron 11 B, Cillin. Comme vous l’avez peut-être remarqué, voici à quoi je ressemble vraiment. »

Simon parvenait à peine à garder son calme. Lorsque Cillin avait contacté ses amis pour la première fois, il avait pris la forme qu’ils connaissaient. Mais après leur départ, il avait repris sa forme originelle ; sa véritable forme. C’était aussi la seule forme où il pouvait être au meilleur de lui-même.

Après l’activation complète de la puce, Cillin avait acquis la capacité de prendre n’importe quelle apparence. Cependant, il préférait toujours son apparence originelle car elle était la plus naturelle. De plus, sous cette forme, sa consommation d’énergie était minimale, mais sa capacité n’était pas affectée le moins du monde.

« C’est un… honneur de vous rencontrer enfin ! » dit Simon en serrant les dents. De tous les tours qu’il pouvait jouer… est-ce une autre tentative pour nous saper ?

Cillin, sous sa véritable forme, avait les cheveux noirs, les yeux noirs et un teint de blé. Il ressemblait à un jeune homme sympathique qui venait de quitter sa maison et de découvrir le monde. Cependant, chaque fois que Simon se rappelait toutes les choses que Cillin avait faites, il ne pouvait s’empêcher de ressentir un frisson au fond de lui. Malgré le fait qu’il soit beaucoup plus jeune, Cillin était un mystère indéchiffrable. Il ne pouvait pas voir dans son âme, ni même apercevoir ses pensées à travers son expression.

Les anciens membres de l’Escadron 6 B sur le vaisseau regardaient également Cillin avec des regards étranges. Ils se demandaient où Cillin était allé jusqu’à ce qu’il se présente.

Simon regarda derrière Cillin. Presque tout le monde, sauf Asiya et son enfant, était venu. De plus, au moins la moitié du groupe était composée de visages inconnus, mais aucun d’eux ne ressemblait à des personnes ordinaires. Finalement, il posa son regard sur Shusag. Le vieil homme apparemment peu fiable flirtait actuellement avec une technicienne, mais il avait le sentiment qu’il était le combattant le plus fort parmi les nouveaux visages. En fait, il était aussi fort que certains des anciens de l’Escouade A. Pourquoi quelqu’un comme lui servirait-il volontiers un jeune homme en tant que simple soldat ?

Finalement, Simon décida de ne pas suivre son plan initial. Il y avait plusieurs raisons à cela. Premièrement, les revers répétés avaient ébranlé sa confiance. Deuxièmement, Cillin et sa bande—surtout la façon dont Shusag regardait son vaisseau comme un pirate de l’espace regarderait une proie grasse—avaient suscité en lui un profond sentiment de malaise. Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était qu’ils quittent son domaine le plus vite possible.

« Contrôle-toi, vieil homme. » chuchota Tesoro après avoir donné un coup de coude à son père.

Shusag fit une petite moue avant de soupirer. « Tu ne comprends pas. J’ai soif, mon garçon. »

Cary et les autres jetèrent immédiatement un regard de compréhension à Shusag lorsqu’ils entendirent l’échange. Puis, ils se regroupèrent et commencèrent à discuter de quelque chose qui n’était certainement pas sûr pour les enfants, laissant même échapper des rires vulgaires à l’occasion.

Non loin de là, Tang Qiuqiu mordit dans sa friandise comme si elle écrasait quelque chose de désagréable, les mains démangeant de lever son fusil et de faire sauter la tête des hommes vulgaires une fois pour toutes. Elle n’était plus l’enfant innocente qu’elle était autrefois, et elle connaissait suffisamment Cary et son cercle pour savoir qu’ils parlaient encore de quelque chose de lubrique dès qu’elle entendait ce rire.

Un Vent Écarlate curieux essaya de s’approcher d’eux, mais Tang Qiuqiu lui donna immédiatement une tape sur la tête et souffla : « Où crois-tu aller ? Ce n’est pas quelque chose qu’un enfant devrait savoir ! »

Simon les conduisit vers la zone où vivaient les ingénieurs. C’était là que se trouvait l’atelier d’Enji. Cillin avait verrouillé l’atelier derrière de nombreux codes d’accès, il faudrait donc un effort considérable pour y accéder à moins que l’intrus ne force l’entrée.

Simon n’avait ni le temps ni l’envie de s’occuper des ingénieurs après avoir pris le contrôle de l’Escadron 6 B. Ses interactions avec eux consistaient généralement à leur donner un ordre, à vérifier les résultats dudit ordre et c’était tout. De plus, la plupart des ingénieurs qui vivaient dans la zone étaient des vétérans de longue date, ils respectaient donc suffisamment Enji et Cillin pour laisser l’atelier tel quel.

Après l’arrivée de Cillin à l’entrée, il adressa un sourire amical aux ingénieurs avant d’entrer les codes d’accès. L’atelier, qui était fermé depuis près de trois ans, fut enfin rouvert.

Czedow, Moon et Sigma aidèrent à copier les données et à ranger les échantillons et spécimens que Cillin jugeait importants dans des boîtes. Tous les autres restèrent à l’extérieur car trop de mains auraient en fait ralenti le processus.

Pendant qu’ils attendaient, Cary et les autres commencèrent à évoquer le passé et à parler à Shusag du bon vieux temps.

Le vaisseau spatial avait toujours le même aspect qu’avant, mais ce n’était plus leur vaisseau… ce qui ne les rendait pas trop tristes. Un vaisseau sans leurs camarades était un vaisseau étrange, peu importe à quel point il était familier. Il n’était même pas proche d’être aussi confortable et accueillant que leur nouveau vaisseau.

Simon était parti après avoir conduit Cillin à l’atelier. En tant que commandant, c’était tout ce qu’il était censé faire pour ses ‘invités’. Rien de tout cela ne ressemblait à son plan, mais Simon s’en fichait à ce stade. Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était rester aussi loin que possible de ces personnes. Leur simple vue provoquait un frémissement nerveux dans son cœur, et pour une raison quelconque, il se sentait plus petit par rapport à Cillin, même s’ils partageaient plus ou moins la même taille.

Cela signifiait-il qu’il se sentait inférieur à Cillin ? Il refusait de le croire, même si cela n’avait pas d’importance. Ce qui importait, c’était qu’il n’avait plus besoin de voir leurs visages.

Cependant, ce n’était pas le cas de ses lieutenants commandants. Ils apparurent peu de temps après le départ de Simon.

Cary ne reconnaissait aucun des deux, ce qui signifiait qu’ils avaient étés recrutés après la réorganisation de l’Escadron 6 B. En fait, l’une d’entre eux, une femme, n’était même pas une Vanguard jusqu’à ce que leur force d’appartenance soit assimilée, et elle avait été choisie pour devenir lieutenant commandant de l’Escadron 6 B. Ce n’était pas pour cela qu’elle avait attiré l’attention de Cary et de plusieurs autres personnes. C’était parce qu’elle était absolument magnifique et super sexy.

Cary et sa bande de voyous sifflèrent d’approbation dès que les deux lieutenants commandants arrivèrent. La signification de leurs regards n’avait pas besoin d’être exprimée.

Tang Qiuqiu caressa à nouveau son fusil. Parfois, elle souhaitait vraiment pouvoir leur faire sauter la tête et mettre fin à leurs actes embarrassants une fois pour toutes.

« Salut~ vous faites partie du nouvel Escadron 11 B, c’est ça ? C’est tout le monde ? » demanda le gars d’un ton clairement moqueur. Il insista délibérément sur le mot ‘tout le monde’ pour sous-entendre à quel point leur nombre était pathétique.

Cependant, Cary et les autres continuèrent à regarder la belle femme et ne lui prêtèrent aucune attention. Tang Qiuqiu parlait tranquillement avec Sha Rou de quelque chose, et Vent Écarlate passait la tête dans l’atelier de temps en temps. Sa moquerie fut complètement ignorée !