Chapitre 149 - Le quatrième pouvoir
Les affrontements entre les géants provoquèrent de nombreuses vagues qui frappèrent la côte à plusieurs reprises, en grattant couche après couche le sable et les cailloux.
Pour le moment, Kirk se réjouissait du fait que les bêtes géantes ne se soient pas approchées des eaux côtières. Sinon, le manoir lui-même aurait été inondé par l’eau de mer.
Les rugissements des bêtes géantes étaient aussi lourds que le tonnerre étouffé, ou aussi stridents que des sifflets, et ils provoquaient la méfiance parmi les gens sur le rivage. Leurs voix à elles seules étaient capables d’exercer une pression énorme. C’était la vraie différence entre une bête géante des grands fonds et d’autres poissons. Même un groupe important de bancs de poissons ne serait pas en mesure de maintenir sa formation sous un rugissement gigantesque.
Mais ce n’était vrai que pour les bancs de poissons et les êtres humains. Pour le chat gris, cela signifiait autre chose.
Ils sont trop arrogants ! Pensa le chat gris, ces gars-là sont si arrogants qu’ils voient aucun homme – non, pas un chat – au-dessus d’eux !
Le chat gris ne se transforma pas et conserva la forme d’un chaton. Cependant, de longues griffes tels des couteaux s’allongèrent à la place de ses pattes.
Une lame ou une arme à feu ordinaire ne pouvait en aucune manière menacer ces grosses bêtes, mais il y avait vraiment peu de bêtes qui pourraient se dégager des griffes du chat gris.
Ses griffes comme des couteau en forme de faux avaient ouvert directement la surface du corps de la bête géante, mais parce que sa peau était trop épaisse, les griffes ne réussirent pas à le blesser. Le chat gris plissa les yeux alors que ses pattes en forme de couteaux devenaient de plus en plus allongées et agrandies. Comparé aux huit griffes en forme de couteau, le petit corps du chat gris semblait beaucoup, beaucoup plus petit. Sous un certain angle, le chat gris était même invisible à l’œil nu. Tout ce qu’une personne serait en mesure de voir, ce serait huit griffes en forme de couteaux brandies.
Lorsque la surface de la peau de la grosse bête fut finalement ouverte, les nerfs de la zone endommagée transmirent la douleur à la bête géante et la bouleversèrent, ce qui rendit l’affrontement et les attaques encore plus intenses qu’auparavant. Ce qui suivit, ce furent des vagues encore plus grosses et des rugissements de toutes sortes qui résonnèrent dans le monde entier.
Les poissons qui n’avaient pas réussi à s’échapper dans les temps avaient succombé à cause de leurs organes brisés par choc, et il n’y avait plus aucun poisson vivant dans une vaste région maritime. Les membres de la famille Feniers et de la famille Binger se retirèrent tous au-dessus du rivage et activèrent une onde sonore neutralisante pour se protéger du choc. Une autre chose qui méritait de se réjouir, c’était que les boucliers de défense du manoir avaient été réparés quelques minutes plus tôt que prévu, ce qui permit de bloquer la plupart des attaques par ondes sonores émises par les bêtes marines.
Bien que les attaques par ondes sonores aient été réduites, les personnes à l’intérieur du manoir purent tout de même entendre clairement les rugissements terrifiants. Les ondes sonores secouèrent tout le monde jusqu’à ce qu’elles ressentent un froid glacial au fond de leur cœur. Tous les poils sur leurs corps tremblaient sous les rugissements.
Tang Qiuqiu était beaucoup plus calme que Tobo, Emma et Rost. Elle continua à jouer à son jeu tout en ayant une sucette à la bouche comme avant, ce qui obligea Tobo et le duo à la couvrir de regards étranges.
Les dispositifs et équipements de surveillance dans les eaux côtières furent tous touchés et dysfonctionnèrent. Castella et Kirk n’avaient aucun moyen de savoir quel genre de combat se déroulait en mer.
Un par un, alors que le chat gris griffait les bêtes marines et leur infligeait des blessures sans arrêt, les rugissements de ces dernières devenaient de plus en plus forts et leurs actions devenaient de plus en plus violentes. Certaines bêtes marines eurent les membres mordus, d’autres eurent des nageoires déchirées ou de larges parties d’écailles qui leur furent arrachées… la scène était aussi stupéfiante qu’elle en avait l’air.
« Pleurer, pleurer, par ma fourrure, qu’est-ce qui vous fait pleurer ! Vous êtes si bruyants ! »
Le chat gris était déjà de mauvaise humeur et les rugissements le dérangeaient tellement que même ses moustaches étaient devenues tendues.
« Arrêtez d’être aussi bruyants ! »
Le chat gris ouvrit la bouche.
Au milieu de ces rugissements désordonnés, un seul rugissement de bête supprima presque toutes les autres voix et frappa les animaux marins qui étaient sur le point de perdre des lambeaux de chair. Tous les dispositifs de surveillance dans les eaux côtières, qui fonctionnaient déjà mal à cause des interférences, furent percutés par l’onde de choc et, sur le rivage, ceux qui étaient restés à terre furent immédiatement sur le carreau après avoir entendu le rugissement. Pendant ce temps, dans les aéronefs, les panneaux de commande subirent des pannes système et les écrans des tableaux de bord et des panneaux de surveillance explosèrent. Les véhicules furent forcés d’atterrir. À l’intérieur du manoir, chaque écran de chaque panneau électronique affichait des lignes statiques et plus de cinquante pour cent des équipements électromagnétiques étaient dans un état quasi catatonique.
Et ce fut le résultat après que le chat gris eut fait preuve de retenue en se rappelant les paroles de Cillin. Sinon, aucun des équipements à l’intérieur du manoir n’aurait pu résister.
Mais que diable s’était-il donc passé ? C’était ce à quoi tout le monde pensait sur le rivage. C’était aussi la cause de leur irritation, d’anxiété et d’émotions instables. Ils ne s’étaient jamais trouvés face à une telle situation sur la planète Zafia jusqu’à aujourd’hui.
Warsaw et les autres nouveaux Européens se sentirent étouffés pendant un moment, alors que le dresseur capturé était presque tombé dans la stupeur.
Warsaw et le dresseur connaissaient bien les animaux marins des profondeurs et savaient tous deux qu’il ne devrait pas y avoir de ces animaux marins ayant atteint une telle puissance sur cette planète. Bien que les géants de cette planète puissent être classés comme les seigneurs de la mer profonde, sur quelques autres planètes de rang B du secteur H où la surface était presque entièrement recouverte par la mer, ils ne pouvaient être considérés que comme du menu fretin qui montait sur scène simplement pour suivre le mouvement. Le propriétaire de la voix qui avait causé des pannes système sur plusieurs appareils électromagnétiques était certainement comparable à ces véritables seigneurs.
À l’origine, le chat gris prévoyait de chasser ces individus vers la haute mer par la force, mais il ne s’attendait pas à ce que ces gros animaux s’éclipsent comme des poissons d’eaux douces. Ils s’échappaient de leur ennemi naturel après qu’il ait seulement poussé une gueulante. Pour ces grosses bêtes, le seul endroit qui pouvait leur donner la sécurité était leur territoire d’origine, alors ils retournaient maintenant d’où ils venaient.
Quand le chat gris s’aperçut que les animaux marins avaient tous traîné leurs corps mutilés et s’étaient échappés, il secoua ses oreilles et rétracta ses griffes. Quand il s’aperçut que personne n’était envoyé du rivage, il nagea ensuite vers la haute mer pour poursuivre Cillin et le dresseur.
De retour à Cillin. Cillin poursuivit le dresseur sur une assez longue distance, et au début, la distance entre le duo ne diminua pas beaucoup, mais le dresseur ne réussit pas à larguer Cillin non plus. Puis, graduellement, l’endurance du dresseur s’amenuisa. Contrôler les bancs de poissons avait déjà épuisé une partie de ses forces et maintenant, il faisait tout ce qu’il pouvait pour s’échapper. Son endurance s’était progressivement épuisée.
Cependant, juste au moment où Cillin se rapprochait du dresseur, devant lui, quelques épines lui furent soudainement tirées dessus.
Il avait vraiment des compagnons ! Il y avait plus de deux dresseurs !
Cillin évita les épines, mais ce qui suivit, ce fut tour après tour d’attaques, et des groupes de marlins noirs et autres poissons de type vitesse nagèrent rapidement vers lui. Le grand nombre de bancs de poissons avait coupé son chemin de poursuite et, au moment où Cillin chargea à travers les bancs, le dresseur avait déjà disparu.
Cillin ne continua pas la poursuite. Maintenant qu’un nouveau dresseur était apparu, cela signifiait qu’il pourrait y en avoir un quatrième, un cinquième ou même plus encore de dresseurs cachés.
Dire que tant de dresseurs considérés comme des reliques par d’autres personnes apparaissent tous en même temps. Qui donc, au juste, la famille Feniers avait-elle offensé ?
Peu importe qui avait été offensé par la famille Feniers, Cillin n’avait pas l’intention d’enquêter davantage sur cette affaire. La situation actuelle était qu’il était seul, sans renfort et que, si l’adversaire pouvait mobiliser autant de dresseurs, il devait y avoir plus de force cachée quelque part. Quoi qu’il en soit, il s’agissait d’un problème de la famille Feniers et de la famille Binger. Cillin n’avait pas l’intention de s’en mêler plus longtemps.
Les rebondissements entre les grandes familles étaient trop compliqués et auparavant, c’était parce qu’il était trop curieux des dresseurs et qu’il était heureusement tombé sur des puces électroniques pouvant être échangées contre des récompenses par la famille Feniers qu’il s’était impliqué. Mais à en juger par la situation actuelle, il était temps d’arrêter. Cillin savait où tracer la limite. L’adversaire était manifestement préparé et, s’il approfondissait la question, non seulement il ne serait pas en mesure de résister avec sa seule force, mais il subirait également une lourde perte.
Cillin se retourna et revint résolument. Il ne nagea pas longtemps avant de tomber sur le chat gris qui le poursuivait.
« Eh ? » Le chat gris regarda Cillin et ne vit pas le dresseur. « Tu l’as perdu ? »
« Il avait un ami pour venir à sa rescousse. J’ai donc dû le laisser partir. » Cillin sortit de l’eau et regarda le ciel. Il semblait être tard : « Rentrons au manoir. »
« Très bien, allons-y. Ces grosses bêtes se sont toutes échappées. Tout ce que j’ai fait, c’était rugir une fois, c’est tout. » Le chat gris chantonna. Il était évident à son ton qu’il se pavanait.
« D’accord, refroidis tes ardeurs. As-tu été découvert ? »
« Bien sûr que non. Au moment où les bêtes géantes se battaient, tous les gens sous la mer s’étaient échappés vers la surface. De plus, avec les appareils de surveillance dans les environs tous endommagés et les grosses bêtes en guise de couverture, il est impossible que j’aie été découvert. » dit le chat gris.
« C’est bon alors. Rentrons et réfléchissons à un moyen de soutirer un peu plus d’argent de ce vieux renard de Castella. »
« Bien entendu. Nous y avons mis tous nos efforts, nous devons donc être payés pour cela, de toutes les manières. C’est vrai, j’ai vu du poisson séché sur la table du manoir. Redemandes-en une fois de plus quand nous rentrerons au manoir… » Arnaquer quand il y avait une chance de le faire était la philosophie que Dias instillait chez ses Hunters.
En réalité, Castella avait pris l’initiative d’exprimer sa volonté d’augmenter sa rémunération avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche. La contribution de Cillin à la capture du dresseur change-forme de la famille Wiesen était indéniable, même s’il n’avait pas lui-même participé à la capture. De plus, même si Cillin n’avait pas réussi à capturer l’autre dresseur, il avait toutefois appris qu’il y avait au moins trois dresseurs ou plus dans cette opération.
Après le tumulte, il y avait toujours beaucoup de choses qui attendaient que Castella et Kirk pour les gérer. Pendant ce temps, Warsaw et ses hommes se cassaient la tête à propos la bête géante des profondeurs marines qui avait laissé échapper ce rugissement final et absolument dominateur. Tout le monde était très occupé.
Mais ce n’était pas l’affaire de Cillin. Après avoir obtenu les factures signées de Castella, il regagna sa chambre. Il avait trop utilisé son cerveau aujourd’hui, alors il devait faire une sieste avant tout.
Tang Qiuqiu continua d’assumer sa responsabilité en tant que garde du corps de Tobo, mais elle n’avait pas grand chose à faire pour le moment. Les gardes du corps aux alentours le surveillaient étroitement.
De l’autre côté de la planète Zafia, quelques personnages étaient rassemblés dans une zone à la surface de la mer où personne ne les remarquait. Parmi eux se trouvait le dresseur poursuivi par Cillin. Ces personnes avaient été dispersées à différents endroits et avaient contrôlé des bancs de poissons pour attaquer les eaux côtières et les bases sous-marines de la famille Feniers, retardant ainsi leurs renforts pour qu’ils ne puissent pas les aider dans la situation au manoir. Il n’y avait aucune chance pour que Warsaw et Castella aient pu imaginer qu’il y avait autant de dresseurs cachés sur la planète.
« La famille Wiesen a échoué. »
« Que dire ? J’ai vu cela venir il y a longtemps. Comme si des détritus à leur niveau pourrait faire un retour sur scène. »
« Ouais. Tout va bien tant que nous réalisons notre mission. »
« Avez-vous terminé le résumé de la mission les gars ? Si c’est le cas, alors soumettez-les moi d’un seul coup, je dois en informer le jeune maître dès que possible ! »
« Hé, j’ai mal aux reins et maintenant je dois rédiger un rapport de synthèse de mission ? Je déteste ce genre de chose ; mes terminaisons nerveuses éprouvent une réaction retardée quand il s’agit de ce genre de trucs. »
« Pas de problème. Tu peux continuer à retarder tant que tu le souhaites. »
« Mouais ! Je n’ai aucune intention d’être mis à poil et jeté dans un aquarium pour être exhibé par le jeune maître ! »
Ces personnes ne faisaient évidemment pas partie de la famille Wiesen et, comme Castella l’avait imaginé, un quatrième pouvoir était en jeu. Mais si c’était le cas, alors qui était ce jeune maître dont ces gens parlaient ?