Chapitre 127 - La fin du Skull King

Cillin n’avait jamais combattu quelqu’un de front en sachant qu’il était la force la plus faible. Cela ne serait rien d’autre que du masochisme.

Cillin avait spécialement créé ces couteaux de lancer avant de venir ici. Les couteaux de lancer n’étaient pas fins, et un liquide corrosif puissant était introduit à l’intérieur de leur enveloppe cassante. Cillin avait même utilisé des matériaux inertes pour éviter que le liquide puissamment corrosif n’érode l’enveloppe des couteaux de lancer.

Le plan original de Cillin était d’utiliser l’extérieur dur des couteaux de lancer pour percer à travers la peau de l’ennemi, et lorsque les couteaux se brisaient en mille morceaux, le liquide corrosif se répandait et jouait alors son rôle.

Le résultat réel se produisit également de la manière dont Cillin l’avait prévu. Des sons sifflants apparurent lorsque le liquide corrosif fut répandu sur la queue déployée de Carranio, et la douleur enragea grandement ce dernier. Ce gamin trichait encore !!

Carranio laissa échapper un long hurlement qui résonnait comme s’il voulait évacuer presque toute la colère qu’il avait emmagasinée dans sa poitrine. La vague de son décolla et fit exploser en morceaux presque toutes les croix alentours.

Non loin de là, le chat gris, tapi en haut d’une croix qui avait perdu les deux tiers de sa taille, sauta par terre et agita les oreilles. Ce niveau de vague de son ne pouvait pas le blesser, bien qu’il dût se trouver un nouveau point de vue pour observer le combat maintenant.

Le rugissement de Carranio se propagea loin, très loin, alertant même Wa Qing et Emmus à l’intérieur des boucliers énergétiques.

 « C’est… » dit Wa Qing dérouté.

 « C’est le Skull King, je pense. » dit Emmus. Même lui pouvait entendre la colère contenue dans ce rugissement. Il n’aurait jamais imaginé que Cillin puisse être capable de pousser le Skull King à ce point-là. Il était réellement une personne incroyable. D’après les connaissances d’Emmus, le Skull King Carranio n’était pas quelqu’un qui pousserait un hurlement comme ça, même s’il avait perdu la totalité de ses subordonnés.

Carranio était vraiment en colère, et réellement furieux. Il ne s’était jamais senti aussi sombre à l’exception d’une année lorsqu’il avait été blessé par cet homme.

C’était déjà assez mauvais qu’il ait perdu cent mille de ses subordonnés à cause de ce morveux. Maintenant, il l’avait même blessé !

Carranio décida de jeter toute prudence aux quatre vents. Dans le pire scénario, il perdrait une queue qui repousserait d’elle-même quelques années plus tard de toute façon. La douleur qu’il devait supporter n’était que temporaire. Là maintenant, tout ce qu’il voulait faire, c’était anéantir complètement ce sale petit gamin perfide et rusé !

Ce combat était faisable tant qu’il ne combattait pas Carranio de front et qu’il esquivait adroitement. Alors qu’il reculait tandis que l’autre homme le poursuivait, Cillin continuait à dérouler sa stratégie qui consistait à reculer une fois et de lancer ses couteaux de lancer juste après. À présent, la queue de Carranio avait perdu une couche entière de peau, et il était déjà insensible à la douleur. Il refusait de croire que ce Cillin puisse continuer éternellement à faire cela !

Cillin n’était pas pressé. Là maintenant, Carranio était dans un état de fureur, et c’était un bon signe parce qu’un Carranio enragé ne dépenserait pas beaucoup de matière grise pour réfléchir aux choses de manière plus approfondie.

Lorsque Cillin était encore très jeune, il avait entendu une conversation comme celle-ci une fois.

 « Sais-tu pourquoi un chasseur est supérieur à sa proie ? »

 « Parce que le chasseur est plus fort que la proie. Le chasseur est fort, et la proie est faible. »

 « Non. C’est parce que le chasseur sait comment poser des pièges. »

Un chasseur est comme un pêcheur à la ligne. Il allait jeter l’appât, et attendre tranquillement que le poisson morde à l’hameçon.

Ceux qui vivaient dans la forêt utilisaient des pièges pour capturer des animaux gros et féroces. Parfois, lorsqu’ils en avaient envie, ils appréciaient même le dernier spectacle de la bête piégée. Ils avaient depuis longtemps prit l’habitude de capturer leurs proies tout en utilisant le moins d’efforts possibles.

Cillin et Carranio voyaient tous les deux l’autre comme leur proie. Mais qui serait récompensé avec la proie à la toute fin de ce combat ?

Lorsque Carranio réalisa que quelque chose n’allait pas, il était déjà trop tard.

L’engourdissement avait commencé en premier par sa queue. Ensuite, il s’était rapidement étendu aux autres parties de son corps.

Ce ne fut alors qu’à ce moment que Carranio réalisa que le gamin fourbe avait encore triché. 

Le but du liquide corrosif était d’éroder la surface de la queue de Carranio, de manière à ce que le poison qui allait arriver après agisse mieux.

Il s’agissait des mêmes couteaux de lancer, ayant la même masse. Cependant, le contenu en était entièrement différent. Hormis Carranio, peut-être même qu’Emmus lui-même ne l’aurait pas deviné avant qu’il ne soit trop tard. Si la masse du couteau avait été différente, alors Emmus aurait peut-être pu devenir suspicieux et deviner que ces couteaux de lancer était d’une certaine manière différents. Toutefois, Cillin avait même pris ce facteur en considération à partir du moment où il avait commencé à fabriquer ces couteaux de lancer.

Un liquide corrosif puissant, et une neurotoxine concentrée. Cillin avait pris en considération leur deux masses à partir du moment où il avait commencé à les mélanger.

Cela dit, même si leurs masses avaient été différentes, le Carranio actuel l’aurait probablement négligé de toute manière. La douleur sur sa queue était aussi une raison pour laquelle Carranio avait consciemment ignoré tout ce qui se produisait sur sa queue, retardant inévitablement sa prise de conscience longtemps après que le premier couteau contenant de la neurotoxine l’eût frappé. Lorsqu’il remarqua réellement que quelque chose ne tournait pas rond, le poison s’était déjà répandu au point qu’il n’y avait rien à faire pour qu’il puisse l’arrêter.

Après avoir espionné Poison Fang pendant tellement d’années, l’évaluation d’Emmus de Carranio était qu’il était un homme déterminé, impitoyable, et puissant. Cependant, même s’il n’était pas stupide, il manquait quand même d’intelligence et de prudence.

Les succès passés du Skull King lui avaient fait négliger trop de dangers cachés. Il n’avait jamais cessé de croire qu’il se tenait au pinacle du monde et qu’il avait le pouvoir de regarder de haut les fourmis qui rampaient sous lui. En réalité toutefois, il avait été emporté dans les abysses avant qu’il ne soit capable de véritablement comprendre l’adage disant que celui qui se tenait tout en haut était seul.

Cillin avait collecté la neurotoxine à partir des vignes vierges qui avaient une fois pris Cary par surprise, et diverses autres neurotoxines de la flore et de la faune de la planète verte également.

Cillin avait préparé cette concoction spécifiquement pour Carranio. Pendant qu’il était dans l’atelier d’Enji, Cillin avait élevé deux types de vers, concocté un liquide corrosif puissant, et synthétisé une neurotoxine à laquelle même un génotype de rang A ne pourrait pas résister.

Carranio sentait que tout devenait flou et s’éloignait de plus en plus de lui. Il pouvait sentir que ses sens de l’ouïe, du toucher, de l’odorat et du goût déclinaient tous, et que chaque articulation dans son corps rouillait comme s’il s’agissait de ferraille. Son état empirait à chaque seconde qui passait tandis que ses mouvements devenaient de plus en plus émoussés.

Chaque muscle dans son corps se mit à convulser. Sa respiration se mit à s’accélérer et devint erratique, donnant l’impression à Carranio qu’il n’avait pas assez d’oxygène peut importe à quel point il essayait d’inspirer. Son cerveau devint de plus en plus obscur, et les flammes éparses dans les alentours lui donnaient l’impression qu’elles brûlaient ses orbites, l’obligeant à regarder plus loin dans l’obscurité.

Non loin de là, tout en haut d’un tas de ruines, le chat gris regardait le combat se dérouler avec des yeux ronds. Là maintenant, il fixait Carranio du regard avec la tête penchée, celui-ci se déplaçant tel un homme ivre selon un chemin en forme de S, et traînant sa queue, autrefois agile et flexible, sans vie sur le sol, même s’il semblait si puissant et extraordinaire seulement quelques moments auparavant. Là maintenant, Carranio avait l’air d’un ivrogne qui faisait des embardées en chancelant parmi les ruines.

Cillin se tenait sans bouger à cent mètre de Carranio, tandis qu’il regardait l’homme faire un pas après l’autre dans sa direction. Cependant, la neurotoxine avait grandement affecté à la fois les sens et l’esprit de Carranio, donc il dévia finalement de sa trajectoire et s’écroula sur le sol. À l’endroit même où autrefois il avait puni les pécheurs et avait assisté à leur exécution.

Par le passé, lui, Carranio le Skull King, s’asseyait à un endroit élevé et regardait de manière arrogante et dédaigneuse les fourmis empêtrées soit dans leur combats sanglants, soit dans la torture, sur ce champ de croix. Mais maintenant, les rôles étaient inversés.

Carranio eut le sentiment qu’il gisait sous une croix gigantesque, tandis que ce jeune homme diabolique qui se tenait debout sur le sommet de la croix regardait avec indifférence sa lutte embarrassante et silencieuse. Sa gorge ne pouvait plus former les bonnes syllabes, et la seule chose qui en sortait n’était que des grognements indéchiffrables.

Il essayait réellement de prononcer un simple mot – diable.

Cillin continua à se tenir droit debout à distance, et fixait Carranio sans la moindre expression. Il n’y avait pas de détachement indifférent, pas de sourire moqueur, pas de joie ou de soulagement dans ses yeux après avoir assouvi sa vengeance. Il n’y avait que de la tranquillité.

Un moment plus tard, Cillin sortit une petite boule qui avait l’aire d’une bille avant de la lancer d’une chiquenaude vers Carranio dans les ruines. La bille frappa le corps de Carranio et se fracassa en de nombreux petits morceaux tout autour de lui.

Le vent se mit à souffler.

Les ‘Oiseaux de Paradis’ restant dans les ruines sentirent l’odeur dans l’air et s’attroupèrent sur Carranio.

Cillin ferma les yeux et ressentit la dernière perturbation se produire dans ces ruines.

Il était temps de mettre fin à tout ça.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Aller au contenu principal