Chapitre 125 - Il n’y a pas de Lutte, il n’y a que le Désespoir
Bien qu’ils aient trouvé un moyen de pourchasser Cillin, la terreur continuait à les envelopper.
En excluant ceux qui vagabondaient à l’extérieur du Secteur Z, les membres de Poison Fang se dénombraient à presque cent mille personnes sur cette planète. Mais maintenant, Carranio remarqua subitement qu’il ne restait qu’un peu moins de cinquante mille personnes avant qu’il ne l’ait réalisé.
Personne n’aurait pensé que Cillin, un simple gamin, un gamin qui n’avait pas la moindre célébrité dans la galaxie, puisse détruire plus de cinquante mille personnes sur cette planète, même si bien entendu la majorité de ces cinquante mille victimes avait été transformée en nourriture pour les vers. Mis à part les ‘Oiseaux de Paradis’, après que la base de recherche ait été désertifiée, des versions améliorées de l’inhibiteur n’étaient plus disponibles. Cela fit que les parasites qui avaient été propagés au préalable étaient lentement devenus résistants aux inhibiteurs basiques. Par conséquent, il était évident que les membres de Poison Fang infectés ne tiendraient pas longtemps. Les ‘Oiseaux de Paradis’ n’étaient pas nécessaires ici. Une personne infectée était comme un sac de nourriture vivant qui pourrait finalement être sucé jusqu’à la moelle par ces minuscules parasites.
Plein de membres de Poison Fang qui pourchassaient Cillin s’effondrèrent à mi-chemin et ne se relevèrent jamais. À chaque minute qui passait, une énorme quantité de petits parasites naissaient dans le corps de l’hôte via la division asexuée. Les minuscules parasites qui avaient développé une résistance étaient comme des réfugiés morts de faim qui avaient soudainement trouvé une table chargée de délicieuse nourriture devant eux.
Par conséquent, la période entre la faiblesse jusqu’à la mort ne durait que quelques minutes pour ceux qui étaient infectés, mais ils ressentaient distinctement chaque seconde de leur affaiblissement tandis que leur vie leur glissait entre les doigts, comme si la propre main du diable avait agrippé leur âme et les emmenait lentement vers l’enfer.
Il n’y avait pas de lutte. Il n’y avait que le désespoir.
Ma base de recherche. Le choc était sans aucun doute un coup de poignard dans le cœur de Carranio ; la plus grande gifle qu’il n’ait jamais subi de toute sa vie.
En réalité, il y avait de nombreux facteurs qui avaient contribué à la destruction de la base de recherche de Poison Fang. L’environnement du Désert Écarlate avait accéléré le processus de désertification, et la base de recherche avait échoué à découvrir la menace à temps. Le temps que la désertification touche la base de recherche, il était déjà trop tard pour l’arrêter. Personne n’aurait pu imaginer qu’il y avait un cyborg qui pouvait creuser dans le sol et bloquer les signaux des scanners de cet endroit.
Par conséquent, Carranio n’avait toujours pas la moindre idée de la manière dont sa base de recherche avait été détruite jusqu’à maintenant. Toutefois, puisque cela s’était produit, il était déjà trop tard pour s’enquérir de la cause. Là maintenant, Carranio mettait tout ce qu’il avait d’énergie dans la chasse de Cillin.
La nuit tomba lentement sur le champ de croix. Autrefois, la nuit était le moment préféré de la journée pour Poison Fang. Il n’y avait rien qu’ils n’aimaient plus que massacrer leurs proies et écouter leurs cris terrorisés et désespérés sous le couvert de la nuit. Cependant, la situation actuelle était loin de leurs attentes. Cillin était comme un chasseur silencieux attendant dans l’ombre et les poussant pas à pas vers le point de non retour. Que se passerait-il lorsque la nuit serait complètement tombée ?
Les membres de Poison Fang n’osaient pas imaginer le résultat.
La nuit appartenait au diable.
La différence de température entre le jour et la nuit sur cette planète était énorme. Bien que leurs épaisses combinaisons de protection puissent les maintenir au chaud, les membres de Poison Fang ne pouvaient s’empêcher de ressentir un froid inhabituel ; un froid qui faisait dresser les cheveux sur la tête. Même leurs pores suintaient de l’air froid, stimulant leurs nerfs à être encore plus tendus qu’ils ne l’étaient auparavant.
Les ‘animaux de compagnie’ avaient traqué l’odeur de Cillin jusqu’au champ de croix, mais ils s’arrêtèrent autour des bords, incertains. Ils étaient incapables de confirmer la position de Cillin, ou même de verrouiller une direction particulière vers laquelle aller. C’était sans le moindre doute encore un coup à Poison Fang.
Cinquante mille personnes s’étaient rassemblées silencieusement autour des bords du champs de croix et encerclèrent la place. Cependant, ils étaient incapables d’obtenir le moindre résultat. Peu importe à quel point ils recherchaient Cillin, ils ne pouvaient pas trouver ne serait-ce que son ombre même après qu’ils aient fouillé le champ de croix tout entier une fois.
Comme des fous, ils recherchaient Cillin à travers chaque centimètre du sol à l’intérieur du champ de croix. L’échec de leurs efforts, cependant, ressemblait à une mauvaise blague qui tournait leur incompétence en ridicule.
Pu——
Encore une autre personne s’effondra sur le sol.
Il y avait des personnes qui s’effondraient à chaque seconde sur ce champ de croix. L’endroit donnait l’impression d’être le domaine du démon qui aspirait leur âme à chaque instant.
Dans la nuit sombre, au milieu de beaucoup de sang et de nombreuses croix, les hommes tombaient les uns après les autres.
Les ‘pécheurs’ qui étaient attachés aux croix mais qui n’avaient pas été enlevés depuis de nombreux jours, et les bêtes autochtones qui avaient été dévorées par les ‘Oiseaux de Paradis’ jusqu’à ce que tout ce qu’il en reste ne soit que quelques os abîmés, se mirent à rire avec mépris des gens autour d’eux par le biais du vent qui hurlait, donnant l’impression d’attendre qu’ils les rejoignent dans la mort.
Une heure plus tard, deux furent soustrait à cinq, et il restait trente mille hommes.
Vingt mille personnes s’était écroulées juste comme ça. Il n’y avait ni combat à l’arme à feu épique, ni massacre sanglant. Ils s’étaient écroulés au sol juste comme ça.
Les membres de Poison Fang n’avaient jamais expérimenté un tel sentiment de désarroi et d’impuissance. Les mains qui tenaient leurs fusils tremblaient pour la première fois de leur vie. Ils avaient tué et marché à travers ce désert sanglant de nombreuses fois tandis qu’ils observaient leurs proies lutter vainement contre leur destin avant de périr sous le feu de leurs fusils ou le tranchant de leurs lames. Ils avaient pensé qu’ils étaient capables de faire face à l’enfer sans peur. Mais ce n’était que maintenant qu’ils réalisaient que le véritable enfer n’avait pas besoin d’être rempli de cris désespérés ou embelli avec des armes à feu. Les mains de la Faucheuse pouvait attraper leur gorge dans cet endroit tranquille et s’emparer de leur âme exactement de la même façon.
Une demi-heure plus tard, il restait dix mille hommes. Les pas de la Mort s’accéléraient encore plus.
Les membres de Poison Fang qui étaient encore debout étaient sans le moindre doute des élites. Le rang élevé de leur génotype leur permettait de résister à l’infection un peu plus longtemps, mais finalement, sans les inhibiteurs, ils ne faisaient que ralentir leurs pas vers l’enfer.
Qu’est-ce que ça pouvait bien faire qu’ils aient un génotype de rang A ? La défaite était la seule option devant ces organismes minuscules qui étaient tellement petits que l’on pouvait à peine les remarquer à l’œil nu.
Le Poison Fang actuel n’était plus cette entité que Carranio contrôlait. Poison Fang était tout d’abord une organisation incontrôlable.
Poison Fang n’était ni une armée ni un régiment de Hunter. La raison pour laquelle ils s’étaient rassemblés était purement pour tuer et avoir la satisfaction de récolter la vie des autres. Donc lorsque Cillin les avait poussés, encore et encore et encore, leurs nerfs crispés avaient finalement atteint un point de rupture. Le point de la folie.
Le reste de Poison Fang était devenu fou. S’ils étaient de toute façon sur le point de mourir, ils pouvaient tout aussi bien apprécier ce dernier morceau de folie.
Les personnes qui volaient à l’intérieur des vaisseaux spatiaux se mirent à ouvrir le feu vers le sol. Des lumières ardentes illuminèrent la chair et le sang qui étaient envoyés voler dans l’air, et les ‘Oiseaux de Paradis’ parmi eux. Le massacre excitait les gens tandis que les sourires démoniaques sur leurs visages devenaient de plus en plus empreints de folie. Ceux qui avaient perdu la raison brandirent leurs armes à feu et ils tiraient soit sur les autres, soit sur eux-mêmes.
Il y avait peut-être beaucoup de personnes qui n’auraient jamais pensé qu’ils puissent s’ôter la vie de leurs propres mains.
Carranio regardait la guerre civile sur le terrain et dans les airs si calmement que c’était comme s’il en était étranger. Il y avait des personnes lacérées qui étaient étendues au sol autour de lui, et il ne portait pas de combinaison protectrice à cet instant. Cependant, aucun ‘Oiseau de Paradis’ n’osait s’approcher de lui.
C’était là le vrai Carranio. Pas même les ‘Oiseaux de Paradis’ n’osaient s’approcher de lui.
Les membres de Poison Fang savaient que Cillin pouvait repousser les vers, mais ils ne savaient pas que leur roi pouvait en faire autant.
Carranio savait que Cillin les observait tranquillement depuis un certain endroit.
Qui était plus méprisable, et qui était plus cruel ?
Tous ceux qui connaissaient Poison Fang les surnommaient un tas de dingues, mais Carranio pensait que Cillin était plus froid, plus fou, et ressemblait plus au diable que Poison Fang.